La Voix du Vent - Seyðisfjörður, Islande, septembre 2022.
“Souvent les gens me demandent : “Pourquoi vis-tu ici ?
C’est un endroit effrayant. Pourquoi tu ne t’en vas pas ? ”
C’est vrai que nous avons ces dangereuses routes de Montagne en hiver qui peuvent être fermées et laisser le village enclavé, le risque de tomber dans des crevasses lorsque nous partons en randonnée, et le Soleil qui s’absente pour quatre mois... Je ne sais pas, je ne peux pas l’expliquer, mais c’est vraiment quelque chose dont j’ai besoin.
C’est un endroit effrayant. Pourquoi tu ne t’en vas pas ? ”
C’est vrai que nous avons ces dangereuses routes de Montagne en hiver qui peuvent être fermées et laisser le village enclavé, le risque de tomber dans des crevasses lorsque nous partons en randonnée, et le Soleil qui s’absente pour quatre mois... Je ne sais pas, je ne peux pas l’expliquer, mais c’est vraiment quelque chose dont j’ai besoin.
Ça fait partie de mon identité.”
Aðalheiður, maire du village du Seyðisfjörður, Fjords de l'Est islandais
Ruines après le grand glissement de terrain de décembre 2020
“Quelques fois par an, nous avons une vraie grande Tempête qui nous arrive dans le Fjord et prive le village d’électricité. Il y a un grand nombre de victimes, tant au niveau de l’architecture, des infrastructures que des objets, des arbres...
En tant que personne venant du Danemark, j’ai grandi dans une Nature qui semblait inoffensive. Et puis soudain, j’ai dû m’habituer à vivre dans un endroit où tu ne peux pas être en sécurité. Au Danemark, les gens pensent que c’est un droit acquis d’être en sécurité, qu’une entité supérieure devrait venir les sécuriser et les secourir. Mais que font-ils s’ils ne peuvent pas l’être ? S’il y a trop de dégâts, alors vous devez faire face à cette réalité : il y a une catastrophe naturelle qui se produit et ensuite vous devez réparer, nettoyer. Si tu traverses le village ici, tu peux voir beaucoup de dégâts ; des débris, des maisons qui se sont effondrées, des choses reconstruites... De nos jours, ce n’est pas quelque chose que nous aimons voir, mais pourtant, si tu te promènes dans la Forêt, c’est quelque chose que tu remarqueras : il y a autant d’arbres morts que de vivants. C’est très naturel en fait. Dans la culture dans laquelle j’ai grandi, tout était nettoyé et balayé, aseptisé, alors qu’ici on peut vraiment sentir que nous n’avons pas la capacité de faire face à quelque chose de si puissant. La Tempête nous secoue et nous conduit à expérimenter cette grande tâche collective de nettoyage après son passage dévastateur, qui est quelque chose me procurant un grand sens de la communauté finalement.
Ça peut paraître un peu tragique mais que pouvons-nous faire à part se relever, se retrousser les manches pour reconstruire ensemble ?”
Lasse, habitant de Seyðisfjörður